«Dans vingt ans, les ordinateurs seront des milliards de fois plus intelligents que l'homme»
Telle est la prévision de Hugo de Garis, docteur en intelligence artificielle dont l'objectif est de construire un véritable cerveau artificiel.
Hugo de Garris explique en toute simplicité que la puissance de traitement du cerveau humain est de 10 puissance 16 flops, soit environ cent fois, seulement, la puissance actuelle des meilleurs ordinateurs. « Dans vingt ans, ceux-ci auront largement dépassé les capacités humaines en terme de puissance et de rapidité de calcul. (…) Il faudra bien que, un jour, on prenne au sérieux la perspective pour l'humanité de créer une nouvelle espèce potentiellement dominante, celle que j'appelle les "artilects" (…) capables de muter des millions de fois plus vite que nous »
« Ceux qui prétendent que le XXIe siècle sera celui ces biotechnologies, se trompent complètement. Biologie et physique vont se rapprocher et se mailler car la recherche s'y mène à la même échelle moléculaire. (…) La biologie ne fera qu'aider la physique à la supplanter à une échelle astronomique. »
Hugo de Garris utilise de nouvelles techniques de programmation qui permettent de construire un cerveau artificiel de plusieurs centaines de milliers de neurones à partir de simple PC. Il est rejoint sur ce terrain par Alain Cardon, qui tente depuis plusieurs années une approche innovante pour la construction d'une conscience artificielle.
La grande originalité d'Alain Cardon, qui lui vaut aussi une certaine incompréhension de ses pairs, est de s'appuyer sur le paradigme du vivant pour déterminer les processus complexes qui permettent l'émergence de la conscience. La solution est interprété dans le domaine du calculable informatique, notamment par l'emploi massif d'agents organisés en systèmes multi-agents.
Les approches avant-gardistes d'Hugo de Garis et d'Alain Cardon en matière d'intelligence artificielle nous conduisent à une conclusion toute simple : Ce n'est plus seulement l'augmentation de la puissance de calcul des ordinateurs qui permettra aux machines d'atteindre une véritable conscience artificielle. Mais le dépassement d'un certain seuil de complexité.
Les nouvelles propriétés qui vont émerger du dépassement de ce seuil ressembleront-elles à de l'intelligence au sens ou nous l'entendons habituellement ?
Car est-il possible d'envisager une défintion de l'intelligence qui fonctionne sans certains caractères propres à la biologie de la vie ?
Comme la nécessité de s'alimenter, la nécessité de se reproduire, la nécessité enfin de ne pas mourir ? Autant de notions qui sous-entendent que la conscience artificielle ne se fera pas, dans l'immédiat, sans la conscience humaine !
Il nous appartient aujoud'hui de décider si nous souhaitons ou non devenir les outils de nos outils.
Notre espoir tient au fait que depuis l'origine, l'homme a toujours démontré sa remarquable capacité d'adaptation. L'intelligence artificielle promise, «des milliards de fois plus intelligente que l'homme» pourrait aussi devenir un formidable outil d'intelligence augmentée. Un moyen pour l'humain de penser au-delà de ses propres limites.Un moyen pour l'homme de dépasser enfin sa condition humaine.
A mon sens, cette prise de conscience collective, peut prendre naissance dès aujourd'hui à travers les réseaux d'intelligence collective.
* Interview de Pascale-Marie Deschamps dans le magazine Enjeux Les Echos, mai 2003.
Références :
Articles d'Automates Intelligents :
Starlab, premier constructeur de cerveau électronique
Interview d'Alain Cardon, le chercheur français qui tente de construire une machine consciente.
Interview de Wired (en anglais) : Hugo de Garis, le fabricant de cerveau.
Bibliographie :
Modéliser et concevoir une machine pensante, d'Alain Cardon, éditions Automates Intelligents, mars 2003.
Conscience artificielle et systèmes adaptatifs, d'Alain Cardon, éditions Eyrolles, 2000.
Les systèmes multi-agents, de J. Ferber, Inter Editions, 1995.