RU3, réseau des utilisateurs de l'intelligence collective

27 juin 2006

Medias locaux en mal de participation



Le principal écueil dans la participation active des citoyens à la fabrication de l'information est essentiellement culturel.

Alain Moreau, initiateur de PaysDeChateaubriant.fr témoigne ici du manque de participation des utilisateurs de l'information locale. Les gens ont des difficultés pour passer du statut de lecteur à celui de producteur d'information.

« Ils préfèrent m'envoyer un mail pour me dire de passer l'information. (...) J'ai monté ce site pour apporter des services aux gens en les renseignant sur les horaires de cars de trains, les pharmacies de garde, les cinés. Nous sommes ici, au milieu de nulle part, en Pays de La Loire, à 6 kilomètres de la Bretagne, à cheval sur quatre/cinq départements. Le coté positif est qu'il y a possibilité de faire la nique à Ouest-France, car ici, pour être informés, les gens doivent acheter 4 éditions... »

Il n'est pas facile de remettre en question le rôle des producteurs de l'information et celui des destinataires. En effet, depuis l'invention de la presse écrite, que l'on peut symboliquement attribuer à Théophraste Renaudot, rédacteur de La Gazette (1631), rédacteurs et lecteurs ont toujours été conceptuellement séparés et considérés comme deux statuts distincts. Emetteur d'un coté, récepteur de l'autre, la théorie de l'information, de Claude Shannon et Waren Weaver (1948) a même porté cette séparation comme un axiome de départ non discutable.

S'il y a aujourd'hui quelque chose à retenir du succès, au moins sémantique, du Web 2.0, c'est la démocratisation de l'approche centrée utilisateur (user centric), qui remet à sa juste place, c'est-à-dire au centre, l'utilisateur final des services et des applications Web 2.0.
Pour tous les services qui proposent de l'information, cette approche centrée sur l'utilisateur conduit le plus souvent à considérer les différents statuts de producteur d'information et de consommateur d'information, comme étant des rôles possibles pour un seul et même individu, nommé « utilisateur ».

Le schéma classique : production -> canal de diffusion -> réception de l'information, qui séparait dans l'espace et le temps producteur d'un coté, et récepteur de l'autre, peut faire place aujourd'hui au schéma simplifié : utilisateur <-> communication. (voir le Miroir de communication, modèle énoncé en 2003 par le projet Ru3)

C'est pour aller dans le sens de cette simplication que nous lancerons prochainement NewsMe, un projet Web 2.0 qui ambitionne de replacer réellement l'utilisateur au centre de l'échange d'information.

2 Comments:

  • Merci Luc pour tes vidéos. Je suis d'accord avec ce que tu dis dans ton billet. Participer cela s'apprend... Tout dépend à qui l'on s'adresse et de quoi l'on parle, on voit bien l'importance de l'esprit communauté. On peut se demander si les Diggs auront autant de succès s'ils s'ouvraient à des thématiques moins geek par exemple...

    By Natacha QS, at 6/28/2006  

  • Que l'utilisateur puisse être à la fois producteur et consommateur, soit, mais comme l'exprime très bien Alain Moreau, cela reste forcément marginal. Est-ce vraiment l'enjeu d'ailleurs ?

    L'enjeu me semble-t-il est plutôt que l'information soit plus plastique. Que chacun puisse y amener sa couche de compréhension pour lui donner du corps. Car ce que cela change le plus, c'est que l'information devienne maléable, là où elle était formatée. On peut se l'approprier, là où elle n'était que la propriété (copyright) d'un autre...

    Encore une fois, l'internet n'est pas une révolution et ceux qui nous prédisent des lendemains citoyens où audience et agrégation sont les mamelles du renouveau, feraient bien de regarder plutôt du côté de la dissémination et de la dispersion.

    By hubert guillaud, at 10/12/2006  

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