RU3, réseau des utilisateurs de l'intelligence collective

28 janvier 2005

Internet paralysé ?

C'est la prédiction principale publiée ce mois-ci par Pew Internet & American Life Project, pour les dix ans à venir (66% des1283 personnes interrogées). Une menace qui confirmerait, à plus long terme, l'article : La fin du Web dans 36 mois écrit ici-même en juillet 2003.
"Avec la multiplication exponentielle des virus et autres spyware, nombre d'entreprises s'interrogent maintenant sur la pertinence de connecter tous leurs PC à Internet" explique pour sa part Fabrice Frossard dans son éditorial du 24 janvier (Décision Informatique nº 619).
Plusieurs millions d'euros sont dépensés chaque année par les éditeurs de logiciels et les constructeurs d'informatique pour lutter contre le phénomène. Coûts supportés principalement en recherche et développement et en assistance aux utilisateurs.

A ce rythme, le prochain slogan des entreprises de pointe sera-t-il demain : "Pour votre tranquillité, ici Internet ne passe pas" ?

11 janvier 2005

XML, quelle langue parles-tu ?




Discussion passionnée aujourd'hui entre collègues à propos de la mise en place d'une interface de saisie XML en vue d'automatisation des process de mise en pages dans la rédaction d'un journal.

Mes interlocuteurs, "X" et "Y" [1], donnent leur vision idéale de l'interface. Selon "X", il faudrait ajouter aux champs de saisie déjà présents (auteur, date de publication, rubrique...), des vignettes de paginettes de l'article mis en pages, telle que celui-ci devrait se présenter au final.

J'essaie alors d'expliquer que le principe d'interface XML est celui d'une structuration sémantique de l'information, indépendante de la forme finale et du support de sortie. Et que, par conséquent, la prévisualisation, a priori, de la forme finale, n'a pas sa place dans la fenêtre de saisie d'une interface XML.

"X" plaide, au contraire, pour le principe préconisé habituellement dans nos interventions au sein de projets de refonte éditoriales et organisationnelles dans les rédactions de journaux. Ce principe consiste à construire en avance (mode opératoire a priori) le déroulé du journal et à déterminer avant l'écriture des articles, emplacement et forme, ou format, des contenus. Le schéma idéal étant de réunir rédacteur en chef, rédacteur technique et photo éditeur (ou designer) pour déterminer à l'avance la place et la forme de l'information.

Je ne remets pas en cause ce mode opératoire, déjà éprouvé, mais j'affirme que c'est un leurre, et surtout une perte d'énergie, que de préconiser un schéma XML si la forme graphique est définie à l'avance.
Le meilleur outil pour produire des contenus dans leur forme finale étant tout simplement un logiciel de mise en pages, ou un éditeur Wysiwyg (InCopy, QPS....) capable de simuler sur l'écran du rédacteur, l'aspect final de l'article.

"Y" défend que l'éditeur XML est structurant sur la forme et que son utilisation reste pertinente même si la forme finale est déjà décidée.
A mon sens, réduire XML à un langage permettant de générer un forme de présentation prédéfinie, ce qui est bien sûr possible, n'apporte rien de plus qu'une saisie Word balisée : titre 1, titre 2, intertitre, texte courant, légende...
Quel intérêt, en effet, de mettre en oeuvre un outil de structuration sémantique, si ce n'est que pour obtenir un formatage graphique ? Les balises HTML font aussi bien.

XML sémantique ou XML graphique ?

Faut-il exiger du journaliste le balisage sémantique de l'information qu'il produit ? Dans un contexte de recherche constante d'amélioration de la rentabilité des journaux, peut-on imposer le XML dans les rédactions, au prix de délais de production supplémentaires ?

Quel bénéfice en effet peut-on retirer d'une structuration sémantique d'un article, où l'on devra par exemple baliser son article sous la forme suivante :
(...) [citation]"Je suis convaincu par l'usage du XML dans les rédactions ![/citation], témoigne [auteur]monsieur "X"[/auteur], éditeur à [commune]Asnières-sur-Seine[/commune], dans le [departement]92[/departement] (...)
Si l'utilisation de l'article à des fins documentaires est évident, l'intérêt, dans le cadre d'une publication imprimée, n'est pas flagrant. Notamment lorsque la charte graphique du journal ne prévoit pas de distinguer l'enrichissement typographique du balisage sémantique (auteur, commune, etc.).

Quoiqu'il en soit, la logique d'une production d'information d'actualité en flux tendu, n'est pas la même que celle d'une gestion d'archives documentaires.

Le lecteur est-il prêt à payer le coût du cross-média ?

Nous devrons donc construire, pour quelques années encore, nos schémas d'écriture et de production de l'information selon leur média de destination. Sans quoi la transcription graphique de l'information sur des médias aussi différents que des écrans d'ordinateurs ou de téléphones, de bases de données et de publications imprimées va nécessiter une dépense d'énergie que peu de lecteurs seront prêts à payer. Les logiques idéales d'information cross-média, révées par les directions de groupes de presse, ne sont peut-être pas encore l'idéal du lecteur.

[1] Mes propos étant partisan et pouvant déformer la réalité de la discussion, les noms de mes interlocuteurs seront remplacés par X et Y

En savoir plus :
Les clients riches remplaceront-ils les interfaces HTML ? (Source : 01.net)
Extensible Markup Language (XML) (Source : W3C, en anglais).
L'actualité française du XML
XML pour la presse (Source : XML-fr)
Recentrer les outils dans les salles de rédaction (Source : Campus XML)